La Suisse se prononce contre la sortie du nucléaire
Fermer toutes les centrales nucléaires de Suisse d'ici 2029 et débrancher 3 des 5 réacteurs nationaux dès 2017 ? Les citoyens helvétiques ont dit "non" ! En effet, en novembre, 54,2 % des votants (avec un taux de participation estimé à 44 %) ont refusé l’initiative populaire "Pour sortir du nucléaire", que présentaient les Verts avec le soutien d'une partie de la gauche locale. Décryptage.
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Que disait l'initiative "Pour sortir du nucléaire" ?
Quelle place doit occuper le nucléaire dans la Suisse de demain ? C'est, en substance, la question que posait l'initiative proposée par les Verts et le Parti Socialiste, et à laquelle ont répondu les citoyens le 27 novembre. Plus concrètement, le texte proposait de limiter à 45 ans la durée de vie des centrales nucléaires suisses et d'interdire la construction de nouvelles centrales. La Confédération était par ailleurs invitée à agir pour :
- limiter la consommation d’énergie ;
- améliorer l’efficacité énergétique ;
- promouvoir les énergies renouvelables.
De fait, et en raison de leur ancienneté, les centrales de Beznau 1 et 2, ainsi que celle de Mühleberg (qui datent respectivement de 1969, 1971 et 1972) auraient dû être mises hors service en 2017. Celle de Gösgen aurait fermé ses portes en 2024, et la plus récente, celle de Leibstadt, en 2029.
Le contexte du référendum sur le nucléaire suisse
La Suisse est actuellement fortement dépendante de l'atome : environ 40 % de l'électricité du pays provient des 5 centrales nucléaires du pays. Les 3 centrales les plus anciennes (Beznau 1 et 2, et Mühleberg) produisent environ 13 % de l'énergie électrique locale.
Pourtant, la Suisse a déjà enclenché un processus de sortie du nucléaire "en douceur", alors que le texte proposé visait une accélération. À l'heure actuelle, aucune construction de centrale n'est en cours. La centrale de Mühleberg sera fermée par BKW Energie en 2019. Beznau 1 – qui a la réputation d'être la plus vieille centrale commerciale du monde encore en activité – tourne sans son premier réacteur, à l'arrêt depuis qu'une inspection a révélé des défauts majeurs dans sa cuve. L'arrêt du nucléaire en Suisse semble inéluctable… Même si aucune date de fermeture pour l'ensemble des réacteurs locaux n'a été arrêtée.
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Le résultat du référendum
Le peuple suisse n'a pas suivi les recommandations des Verts, soutenus par le Parti Socialiste. 54,2 % des votants au référendum ont en effet répondu « non » à l'initiative. Signalons ainsi que :
- La participation a été de 44 %.
- 4 cantons romands ont répondu majoritairement "oui", ainsi que ceux de Bâle et de Genève.
- À l'inverse, on trouvait davantage d’adversaires à l'initiative dans les cantons de Schwyz et d'Appenzell Rhodes-Intérieures. Le "non" y a remporté entre 65 % et 70 % des suffrages.
Les arguments pour une sortie accélérée du nucléaire en Suisse
Si les Verts (et plus de 45 % des citoyens) souhaitaient voir leur pays sortir plus vite du nucléaire que prévu, c'est notamment parce que :
- La loi ne prévoit pas encore de date officielle de sortie du nucléaire en Suisse.
- L'inscription dans la loi de l'interdiction de nouvelles centrales reste à effectuer, ce qui laisse planer le doute pour le moment où les plus anciennes fermeront.
- La perte de l'énergie produite par les centrales nucléaires peut être largement compensée par les énergies renouvelables.
- Le développement de ces énergies permettrait de créer de nouveaux emplois et de nouvelles opportunités d'affaires pour les entreprises locales.
- La densité de population est importante en Suisse, ce qui implique qu'un accident aurait quoiqu'il arrive des conséquences désastreuses pour le pays.
- L'électricité, dont le prix est actuellement très bas, est vendue à perte par les exploitants des centrales nucléaires. La fermeture de ces dernières n'imposerait donc pas de dédommager les exploitants à un niveau trop important pour la Suisse.
Les arguments contre une sortie accélérée du nucléaire en Suisse
Manifestement, les citoyens ont été sensibles aux opposants du texte, puisqu'ils se sont rangés en masse derrière leur avis. Les détracteurs estimaient en effet que :
- Confier aux énergies renouvelables l'équivalent de la production d'électricité d'origine nucléaire dès 2017 serait dangereux, car le secteur ne serait pas prêt à répondre à de tels besoins.
- Les besoins en électricité ne pourraient être couverts que par une hausse des importations, augmentant à la fois l'empreinte carbone de la Suisse et sa dépendance énergétique, et faisant courir au réseau un risque de saturation.
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La "Stratégie énergétique 2050", qui prévoit un abandon progressif du nucléaire en Suisse sans vraiment fixer de date, reste donc valide chez nos voisins helvètes. Des impacts pourraient alors survenir en France, puisque nous importons 9,1 TWh d'électricité suisse, ce qui représente un tiers du total de nos importations. Nous suivrons donc de près un éventuel prochain référendum, le programme n’étant pas vraiment du goût du premier parti du pays : l’Union démocratique du centre.
Source de l'image à la Une : Pixabay (mucorales)