Les cours du gaz sont bas : quelles répercussions sur le marché de l’énergie ?
Les cours du gaz sont particulièrement bas par rapport à ceux de l'année dernière à la même période. Les raisons ? Une demande moins soutenue qui s’accompagne d’une production importante de gaz naturel liquéfié (GNL). Mais à quoi est-ce dû ? Quels sont les impacts pour les consommateurs ? Le MaGAZine fait le point avec vous.
Le prix du gaz dégringole
Les cours du gaz naturel ont subi une forte baisse depuis l’an dernier et ce, au niveau international. « L'évolution a été spectaculaire depuis le quatrième trimestre 2018 », font savoir les experts du groupe Citi. En effet, entre janvier et juin 2019, ils ont reculé de 25% pour le marché américain, et de 50% en Asie et en Europe. De quoi réjouir les consommateurs ! Puisque, qui dit chute des cours, dit chute des prix… À titre d’exemple, en France, le tarif réglementé du gaz à baissé de 6,7% au premier juillet.
Le GNL concurrence le gaz naturel
Les raisons de cette baisse sont doubles comme le met en exergueThierry Bros, de l'Oxford Institute for Energy Studies.« Cette chute s'explique par la conjonction d'une offre plus abondante que prévu et d'une demande en croissance moins forte que l'an dernier », explique l’analyste.
En effet, de nouvelles infrastructures de production de GNL ont vu le jour en 2017-2018. La plus connue est celle de Yamal en Russie. Mais d’autres ont lancé leur activité en Australie et aux Etats-Unis. L'offre de GNL a donc littéralement explosé. Aujourd’hui, il correspond au tiers des échanges de gaz et sa part devrait encore progresser. D’après l'Agence internationale de l'énergie, il pourrait représenter 40 % des échanges mondiaux à horizon 2023. Pour autant le gaz naturel, transporté par pipeline, n’a pas dit son dernier mot. Les exportations de gaz russe vers l’Europe, continuent de s’accroître.
Or, la demande, bien qu’en hausse, a été moins forte que les années précédentes, du fait de la douceur de l’hiver en Europe et en Asie. Avec une offre en hausse et une demande moins forte, les prix ont donc naturellement baissé.
Des stocks quasiment remplis
Et la chute des prix s’en ressent. Les acheteurs, notamment européens, se sont précipités pour bénéficier des prix bas. Dès lors, les infrastructures de stockage se remplissent plus vite qu’à la normale. Elles sont actuellement remplies à 95% (le 29 août 2019).
Des cours du gaz en baisse entraîneront-ils avec eux prix de l’électricité ?
C’est probable, au niveau international. En effet, le gaz sert dans de nombreux pays à produire de l’électricité. En cela, il est en concurrence avec le charbon. Pour rester concurrentiel, on peut penser que les prix du charbon partiront à baisse. Ainsi, l’électricité, en particulier dans les pays émergents, devrait subir le même sort.
Dans l’Hexagone, en revanche, difficile à prévoir. Exception sur le marché, la France est relativement indépendante. Le nucléaire représente plus de 70% de la production d’électricité française. Pour s’approvisionner, les fournisseurs d’électricité ont le choix :
- de passer par le dispositif de l’ARENH (accès régulé à l’énergie nucléaire historique) dont le tarif est bloqué à 42€ le MWh dans une limite de 100 TWh au total ;
- d’acheter sur les marchés de gros européens.
Or les prix sur les marchés de gros ayant dépassé la barre des 42€/MWh, cette année, les tarifs de l’électricité ont subi une importante augmentation. Reste donc à savoir si le déclin des cours du gaz permettra de faire baisser les prix de l’électricité sous ceux de l’ARENH, changeant alors la donne. Affaire à suivre !
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