[INTERVIEW] Le certificat d’économies d’énergie – JEAN-HUBERT FARMAN

Certificat d’économie d’énergie, efficacité énergétique, smart grid… Ces notions ont le vent en poupe mais il est parfois difficile de s’y retrouver. Jean-Hubert Farman, président-fondateur de la société Capital Energy, nous éclaire sur le sujet.

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Quel est le métier de Capital Energy ? Capital Energy est une société de services qui vise à prescrire et promouvoir des initiatives en faveur des économies d'énergie d’une part et de la maîtrise des consommations d’autre part, notamment grâce aux dispositifs des certificats d'économie d'énergie (CEE). Capital Energy emploie aujourd’hui 30 personnes et réalise environ 10 millions d'euros de chiffre d'affaires (prévisionnel 2014).

"L'efficacité énergétique ? C'est une nécessité, à l'échelle d’un pays et à l'échelle du monde."

"L'efficacité énergétique", gros mot ou réalité ? Clairement réalité ! D’abord parce que la question de l’efficacité énergétique est déjà dans nos maisons. Quand on parle d’efficacité énergétique, on parle notamment de rendement, c’est-à-dire de la quantité d’énergie qu’il est nécessaire de produire pour consommer 1 kWh. Nos systèmes de chauffage, de ventilation mais également l’enveloppe de nos maisons intègrent déjà ces critères de rendement et donc d’efficacité. C’est une nécessité dans la mesure où, à l’échelle du pays, il n’est pas question une seconde de considérer une diminution des consommations pour de mauvaises raisons : on ne peut pas faire le choix de produire (au sens économique) moins mais on doit faire le choix de produire mieux et donc de limiter l’intensité énergétique.

Qui dit efficacité énergétique dit certificat d'économie d'énergie, qui concerne directement les fournisseurs. Le gouvernement décrit le CEE comme un "instrument de maîtrise de la demande énergétique", notion parfois floue pour le grand public. Pouvez-vous nous éclairer sur le lien entre le CEE et l'efficacité énergétique ? Le CEE est attribué en contrepartie d’un investissement permettant d’atteindre un résultat équivalent en consommant moins d’énergie. Par exemple, lorsqu’un industriel équipe un moteur électrique d’un variateur de vitesse, l’objectif est de délivrer au moteur la juste puissance nécessaire à son fonctionnement et pas plus. La consommation d’énergie (à production équivalente) sera moins importante et le moteur durera plus longtemps. La notion de "maîtrise" est la notion la plus importante dans la mesure où il ne s’agit pas ici de limiter l’utilisation du moteur mais bien d’en maîtriser le fonctionnement afin de le rendre plus efficace. L’installation de variateurs représente un investissement pour l’industriel. Le CEE permet de réduire le temps de retour sur investissement et déclenche souvent le passage à l’acte. Des exemples tout à fait similaires existent dans le secteur du bâtiment ou des transports.

"Le smart grid est né de la rencontre entre les réseaux électriques et de télécommunication."

Nous parlions récemment de smart grid dans le maGAzine. Comment voyez-vous la coexistence entre CEE et smart grid ? Smart grid : réseau électrique intelligent né de la rencontre des réseaux électriques et des télécoms. Il s’agit principalement d’agir sur l’équilibrage du système électrique en en optimisant le fonctionnement. La modernisation des réseaux contribuera à une meilleure efficacité énergétique mais cela nécessite des investissements importants. En ce sens, on peut penser et même espérer que des opérations éligibles au dispositif des CEE permettront le passage à l’acte.

Cela veut-il dire qu’on consomme moins avec les CEE et mieux avec les smart grids ? En un sens oui. Les smart grids relèvent principalement de l’amélioration et de l’optimisation du transport de l’énergie ainsi que de la sûreté du réseau. Les CEE, dans leur grande majorité, sont des instruments qui viennent favoriser des actions de réduction des consommations.

L'un est plutôt du côté du réseau et l'autre du côté utilisateur donc ? Tout à fait. Même si, en France et en Europe, les smart grids en sont encore à leurs balbutiements, contrairement aux États-Unis qui ont pris une avance certaine sur le sujet. Notre problème n’est pas de créer les technologies mais de savoir les financer. Néanmoins, le changement est en train de s’amorcer et les fournisseurs en énergie verront leur métier évoluer : ils fourniront encore de l’énergie, certes, mais en se différenciant par rapport à l’originalité des services complémentaires proposés aux clients et plus seulement par le facteur prix du kWh.

« Le boitier « e-green » permet aux usagers de connaître en temps réel les quantités consommées et de les comparer avec celles de leurs voisins. »

Proposez-vous aussi une solution smart grid pour vos clients ? Nous développons, en partenariat avec la start-up eGreen, un dispositif visant à faire du monitoring intelligent dans le secteur du bâtiment résidentiel. Concrètement, il s’agit d’un capteur qui, une fois installé chez nos clients, permet de relever les consommations d’énergie, y compris les consommations électriques, sur une plate-forme ouverte. Pour l’instant l’offre est réservée au secteur des bâtiments résidentiels mais un développement pour des usages industriels et tertiaires - secteurs plus électro-intensifs - est en cours.