Qu’appelle-t-on “gaz de ville” ?
De nos jours, les appellations “gaz de ville” et “gaz naturel” recouvrent la même réalité, mais cela n’a pas toujours été le cas. Historiquement, le gaz de ville et le gaz naturel provenaient de deux sources distinctes. Explications.
Une histoire qui commence au XIXe siècle
Aujourd’hui, une “usine à gaz” est une expression désignant un projet jugé trop complexe voire incompréhensible, dont la mise en œuvre est disproportionnée par rapport à sa finalité. Mais il fut un temps où une usine à gaz était… une véritable usine… à gaz !
Un tel lieu produisait ce qu’on appelle du gaz manufacturé. Cela remonte à la période qui précède l’avènement de l’électricité : les villes étaient alors éclairées et chauffées au gaz - de ville, donc.
En France, Philippe Lebon est considéré comme l’inventeur du gaz d’éclairage. Il dépose un brevet d’invention en septembre 1800. Dès octobre 1801, il installe sa Thermolampe dans l’hôtel de Seigneley à Paris. Il utilise alors du gaz de bois, obtenu par distillation, mais ce procédé produit de la chaleur, ce qui n’est pas utile en été. La communauté scientifique et les autorités de l’époque vont finalement plébisciter William Murdoch, qui préfère utiliser le gaz de houille. Gaz qu’il faudra produire dans des usines.
Une production industrielle de gaz
La première usine à gaz ouvre en 1812 à Londres, sur Curtain Road. Elle est exploitée par la Gas Light and Coke Company et dirigée par le chimiste allemand Friedrich Accum. Ce sera la première d’une longue série. Le continent étant alors en pleine révolution industrielle, d’autres usines ouvrent leurs portes un peu partout sur le sol européen.
Le gaz de houille est le produit de la transformation de la houille (un charbon composé de 80 à 90 % de carbone) en coke - un combustible obtenu par pyrolyse (ou craquage thermique) -, dans un four à l’abri de l’air. Ce procédé permet d’obtenir un gaz brut riche en hydrogène (H2), méthane (CH4) et monoxyde de carbone (CO) - élément très toxique.
Le gaz de houille présente une double utilité : il peut être utilisé comme gaz d’éclairage et comme gaz de ville, pour la cuisson et le chauffage. L’éclairage étant assuré dès la fin du XIXe siècle par l’électricité, le gaz de houille ne marquera les esprits que pour sa seconde utilisation. Il ne sera remplacé par le gaz naturel qu’à partir de 1950 !
Une usine jusqu’en 1971
En France, la dernière usine de gaz de houille ferme à Belfort en 1971. Le gaz de ville - appelé ainsi parce qu’on le trouvait principalement dans les villes, où les immeubles étaient nombreux à porter un panneau “gaz à tous les étages” - a cédé sa place aux avantages du gaz naturel. Un produit naturel, comme son nom l’indique, plus propre, plus léger que l’air - se dissipant donc très vite -, et surtout non toxique !
Le “gaz de ville” n’est plus une réalité aujourd’hui, même si l’expression est restée. Il a été remplacé par le gaz naturel, une ressource qui présente bien des avantages !
Source de l'image à la Une : Flickr (Groume)