Le gaz naturel liquéfié, une solution d’avenir pour le transport maritime ?
Alors que le transport maritime fait partie des plus importantes sources de pollution des mers et des océans, des solutions se développent pour réduire son impact écologique. La dernière idée en date ? L’utilisation du gaz naturel liquéfié (GNL). Quels sont ses avantages ? Pourquoi est-ce que cela peut (enfin !) fonctionner ? Quels enjeux pour le transport de demain ? Le maGAZine fait le point sur la nouvelle traversée que s’apprête à réaliser le transport maritime !
Le trafic maritime, un poison pour les océans…
… et pour les habitants des régions côtières ? C’est en tout cas ce qu’affirme une étude réalisée cet été par l’université de Rostock et le centre de recherche sur l’environnement allemand Helmholtz Zentrum Munich. Il serait en effet possible d’établir un lien sans équivoque entre les gaz d’échappement des cargos et certaines maladies pulmonaires et cardiovasculaires graves. Les émissions du transport maritime provoqueraient 60 000 décès prématurés par an dans l’Union européenne. Ce qui représenterait un coût de 58 milliards d’euros pour les services de santé du continent.
Il faut dire que les navires marchands et les bateaux de croisière utilisent principalement, pour carburant, un fioul lourd. Sous-produit du pétrole, il émet en grandes quantités des particules fines, des oxydes d’azotes et des oxydes de soufre.
Selon une autre étude publiée par l’Ifremer dans le journal Geophysical Research Letters, la concentration atmosphérique en NO2 (dioxyde d’azote) observée par satellite sur la route maritime Sri Lanka-Sumatra-Chine - l’une des plus fréquentée au monde - a augmenté de 50 % entre 1997 et 2010. En pleine mer, les bateaux constituent un vecteur majeur de pollution sonore - ce qui impacte fortement les mammifères marins et par conséquent les écosystèmes.
Changer le mode énergétique utilisé par les bateaux aurait donc un double effet positif. Cela réduirait :
- le niveau de pollution des mers et des océans ;
- la facture énergétique des bateaux, qui représente un poste de dépenses considérable pour les compagnies maritimes.
Vers des gros-porteurs alimentés par du GNL ?
Depuis janvier 2015, les compagnies maritimes doivent se conformer à la réglementation européenne et réduire leurs émissions d’oxyde de soufre de 10 points. Il est donc urgent pour les transporteurs de réagir. C’est là que le gaz naturel liquéfié, ou GNL, pourrait intervenir. L’idée ? Remplacer les moteurs utilisant du fioul lourd, une matière très visqueuse - elle doit d’ailleurs être chauffée avant d’être envoyée dans un moteur - et riche en souffre, par des moteurs appuyant leur fonctionnement sur le GNL.
Rappelons que le GNL est un gaz naturel refroidi à - 161 °C, qui se transforme en un liquide clair, incolore et inodore. Il présente l’avantage de n’être ni corrosif, ni toxique. En ce sens, on peut affirmer que le GNL constitue le plus propre des combustibles fossiles, avec moins d’émissions et de polluants que le charbon ou l’essence par exemple. S’il pollue moins, un moteur au GNL consomme également moins que les autres !
Reste un défi : trouver les financements nécessaires pour équiper les gros-porteurs de moteurs GNL. En effet, une telle technologie coûte cher : c’est cette problématique qui a poussé Brittany Ferry à abandonner son projet de ferry au GNL il y a peu.
La compagnie Costa Croisières a commandé récemment deux navires de croisière géants dont les moteurs seront alimentés par du gaz naturel liquéfié. Ils devraient prendre la mer en 2019 et 2020. D’ici là, des alternatives différentes, comme le bateau à moteur électrique ou solaire, pourraient également se développer !