[Interview] Eiffage Energie – Gilles Marguerat – « La cogénération présente des avantages non-négligeables »
Le 3 mars, à Sainte-Gemmes-sur-Loire, près d'Angers, le projet de cogénération des serres Bellard-Crochet, nommé Horti Énergie, était inauguré. Reposant pour une première moitié sur une rénovation et pour une seconde moitié sur la construction de nouvelles infrastructures, Horti Énergie a représenté un investissement de quelque 2,6 millions d'euros ! Rencontre avec Gilles Marguerat, Directeur d’Agence – Production d’Énergie, chez Eiffage Énergie, qui est en charge de la supervision du projet.
Pouvez-vous nous présenter Eiffage Energie et son activité ?
Eiffage Energie fait partie du groupe Eiffage, le troisième groupe de BTP en France. Ce groupe compte 5 branches : les autoroutes (le plus connu), la construction, le génie civil, la construction métallique et donc nous, l’énergie. Dans l’énergie, il y a trois métiers récurrents : les réseaux extérieurs, le tertiaire et l’industrie. Nous avons, pour notre part, une spécificité, avec un travail important et récurrent sur la cogénération. Nous sommes environ 70 personnes localement, dans différents types d’activité.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistait le projet Horti Energie ?
Les serres Bellard-Crochet ont été confrontées à des besoins d’agrandissement des serres. S’est alors posée la question de ce qu’ils allaient faire de leur installation de cogénération. Le choix qui a été fait consistait à rénover la cogénération existante (1 400 KW) et de construire une cogénération neuve de 2 000 KW, avec un second moteur et un ballon de stockage. Les moteurs représentent donc à eux deux une puissance de 3 400 KW, soit l'alimentation de 2 200 foyers, pour un investissement de 2,6 millions d'euros ! Le fait d’avoir deux cogénérations donne aux serres Bellard-Crochet une réelle souplesse et une vision sur le long terme. Cela leur permet d’envisager une nouvelle extension future des serres. Les deux chantiers ont, au final, été menés en parallèle, avec le challenge d’assurer une bonne intégration du nouveau bâtiment à proximité de celui qui était rénové. Ce que nous avons réussi à faire !
Quel a été votre rôle dans ce projet ?
J’ai réalisé les études de rentabilité des solutions techniques proposées (nous n’en proposons jamais une seule, afin de donner véritablement le choix à nos clients), puis j’ai délégué à un premier chef de projet la construction de la nouvelle centrale et à un second la rénovation de l’ancienne. Mon rôle était de superviser l’ensemble, tant d’un point de vue technique que financier, et donc de m’assurer que tout se passait bien dans les délais et le budget prévu initialement.
Parlons maintenant de la situation de la cogénération. Avec 4 % de la production d’électricité globale issue de cette méthode de production, la France est le troisième plus gros parc européen. Il y a sans doute moyen de faire mieux, mais quels sont les freins à son expansion ?
Il y a deux freins principaux. Le premier, c’est que la cogénération est encore assimilée à de la production carbonée. Or, l’image devrait être excellente : par exemple dans le domaine maraîcher, on valorise un maximum de thermies. On a d’excellents rendements. On est sur un combustible qui n’est pas ultra-polluant… Bref, la cogénération au gaz naturel présente des avantages non-négligeables. Le deuxième frein, c’est qu’un arrêté pris au niveau de l’Europe a, en 2016, stoppé purement et simplement de nombreux projets, en particulier dans le domaine maraîcher (le plus gros pourvoyeur d’installations de cogénération en France). Nous attendons de nouvelles évolutions législatives pour que la machine redémarre !
Vous souhaitez en savoir plus sur la technique de la cogénération au gaz naturel ? Consultez notre article consacré au sujet !