Elections Européennes 2019 : les programmes énergie et environnement
Les élections européennes approchent à grands pas. Le dimanche 26 mai, les 400 millions d'européens inscrits sur les listes électorales seront appelés aux urnes afin d'élire directement leurs députés au parlement européen (et indirectement le président de la Commission européenne). En France, 34 listes ont été déposées. Un nouveau record ! 7 listes sortent du lot à une semaine du scrutin avec 4% ou plus d'intentions de vote. Quelles sont leurs propositions en matière énergétique et environnementale ? Le MaGAZine fait le point !
Le marché du carbone remis en question ?
Les entreprises polluantes se voient fixer par l'Union Européenne des quotas carbone. C'est-à-dire un droit à rejeter une certaine quantité de CO2 dans l’atmosphère. Si elles dépassent ce quota elles doivent acheter des "crédits carbone" sur le marché, ou se voir infliger d'importantes amendes. Ces "crédits carbone" sont vendus par les entreprises qui n'ont pas utilisé tout leur quota. Le prix de la tonne de CO2 est fixé sur le marché en fonction de l'offre et de la demande de quotas.
La liste renaissance (LREM) menée par Nathalie Loiseau propose une réforme profonde du marché carbone européen. Elle souhaite fixer un prix plancher de la tonne de carbone afin de réduire les risques liés à la volatilité du marché. Si la tonne de CO2 ne peut pas descendre en dessous d'un certain niveau, le fait de polluer coûte plus cher.
Côté France insoumise, le marché du carbone n'a pas spécialement bonne presse. Le parti de Jean-Luc Mélenchon ne fait pas confiance au marché pour réguler les émissions de GES et cherche à le remplacer par des interdictions à polluer et des taxes sur les gros pollueurs. L'objectif est de dépasser les objectifs d'émission fixés par la COP21 afin d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. (la neutralité carbone est la situation dans laquelle le CO2 rejeté depuis un territoire donné correspond à la capacité de ce territoire à absorber du CO2).
Le protectionnisme environnemental s'invite aux élections européennes
Certains partis proposent des mesures visant à inciter les pays extérieurs à l'Europe à s'engager dans une voie plus respectueuse de l'environnement.
Les Républicains, menés par François-Xavier Bellamy proposent par exemple la mise en place d'une "barrière écologique" via la création de droits de douanes anti-pollution sur les produits en provenance de pays ne s'appliquant pas les mêmes contraintes environnementales que l'Europe. Les républicains proposent d'utiliser les fonds collectés pour financer la recherche et l'innovation au sein de l'UE.
Des mesures comparables ont été trouvées dans les programmes de la France Insoumise, du Rassemblement National et de Debout La France.
La liste France Insoumise, menée par Manon Aubry propose la mise en place d'une taxe carbone aux frontières afin de favoriser les productions écologiques et de proximité. Même son de cloche du côté du Rassemblement National qui cherche à favoriser le localisme en allégeant les taxes sur les circuits courts tout en taxant d'avantage les importations. Le parti de Nicolas Dupont-Aignan propose quant à lui d'instaurer des droits de douane "anti-pollution" aux frontières de l'Europe.
La transition énergétique et écologique, le dénominateur commun ?
La plupart des partis proposent des mesures cherchant à transformer durablement notre mode de vie afin de le rendre pérenne. Toutefois, tous n'ont pas la même approche. Nous trouvons principalement 2 camps : ceux qui pensent pouvoir changer les choses en misant sur le privé, et ceux qui préfèrent voir les institutions intervenir directement.
Parmi ceux qui ne font pas confiance au marché, nous retrouvons La France Insoumise qui propose la création d'un institut européen public de recherche sur la transition énergétique par exemple. Debout La France va dans le même sens en évoquant la possibilité de créer des agences européennes chargées de rassembler et de coordonner les forces autour de projets innovants dans l'industrie et la transition écologique. Le Parti Socialiste (PS) propose de mettre 500 milliards sur la table pour répondre aux enjeux de la transition écologique, en s'appuyant sur la politique agricole, en renforçant l'efficacité énergétique et en créant un "Airbus" du renouvelable.
Les Républicains militent pour une approche plutôt financière reposant sur des prêts à taux zero réalisés par la banque européenne afin de financer les projets de transition énergétique et écologique. Ces prêts s'adresseraient tout aussi bien aux états membres qu'aux collectivités et particuliers.
Pour Europe Ecologie Les Verts (EELV), la direction à prendre est claire : zero carbone (sortie du charbon et du nucléaire entre 2030 et 2050) et "ré-ensauvager" l'Europe par la création d'immenses réserves naturelles interconnectées. En termes d'approche, les verts proposent la création d'une banque européenne du climat et de la bio-diversité.
Ces élections Européennes font la part belle aux thématiques environnementales et énergétiques. Les différents candidats s'accordent tous pour dire qu'il est indispensable de régler le problème des émissions de gaz à effet de serre. Les différences notables portent d'avantage sur les moyens mis en oeuvre pour atteindre cet objectif.