Le mix énergétique mondial en 2022
L’humanité a consommé plus d’énergie en 2021 qu’en 2020. Après 2 années de pandémie, la consommation énergétique a connu une progression de 5,5%, du jamais vu depuis les années 60! Comment cette énergie est-elle produite ? Consomme-t-on la même énergie partout ? Spoiler alert : non. L’équipe du MaGAZine vous propose de faire le point sur la consommation énergétique dans le monde. Pour ce faire nous allons nous appuyer sur les données de l’étude BP statistical review 2022, et analyser le mix énergétique mondial
Quid du mix énergétique mondial en 2021 ?
Comme l’année dernière, les énergies carbonées sont en recul (-2.03%). Une raison à cela ? La baisse notable de la consommation de pétrole (qui passe de 33.1% à 30.95%) ainsi qu’une progression de 1.7% des énergies renouvelables. Dans le détail:
- Augmentation de l’importance des énergies renouvelables hors hydroélectricité (qui passent de 5 à 6.70%).
- Le gaz naturel progresse de 24.2% à 24.42%, ce qui est une bonne chose compte tenu du fait que – pour rappel – il incarne une étape clé dans la transition énergétique, son fort pouvoir calorifique étant associé à des rejets en CO2 30% inférieurs à ceux du charbon par exemple.
- L’hydraulique progresse faiblement, pour passer de 6.4% à plus de 6.7%.
- Le charbon et le nucléaire stagnent parfaitement.
Ainsi, dans l’ensemble, on observe que la hiérarchie générale n’évolue pas par rapport à l’an passé - le pétrole, le charbon et le gaz naturel sont encore largement en tête.
Avec 82.27% de la consommation totale, les énergies carbonées continuent donc aujourd’hui d’occuper une place prépondérante au sein de la production mondiale d’énergie, ce qui ne favorise pas la transition énergétique.
Le recul progressif des énergies fossiles est bonne nouvelle pour la planète et montre que la transition énergétique est en marche. Toutefois, les résultats sont encore bien insuffisants.
Quelles sont les énergies utilisées dans chaque zone du globe, d'après le mix énergétique mondial ?
Les chiffres présentés par BP dans leur rapport annuel nous apprennent l’existence de fortes disparités entre les régions du globe au niveau du mix énergétique, mais également de certaines tendances (intrinsèquement liées aux dotations nationales) qui sont de manière parfois contradictoire vis-à-vis des positions affichées par les gouvernements en matière de politiques environnementales.
Amérique du nord
Prenons l’Amérique du Nord : En dépit de la volonté affichée de lutter contre le réchauffement climatique… le mix énergétique local est encore composé à près de 80% d’énergies carbonées. Le pourcentage est, certes, en amélioration (-1.7%) depuis l’exercice précédent.
Soulignons néanmoins aussi la place non négligeable du nucléaire (7.34% du mix), et une légère hausse du renouvelable (qui avec 7.42% en 2022 passe devant le nucléaire).
Amérique Centrale & Amérique du sud
Le reste du continent américain (à savoir l’Amérique Centrale & du Sud) continue bel et bien dans sa trajectoire historique de production d’énergie bas carbone. En effet, et bien que le pétrole représente toujours 39.74% du mix énergétique de la région, le combo hydraulique / gaz naturel / nucléaire & énergies renouvelables représente tout de même près de 55% de la production énergétique locale (plus de la moitié donc, d’énergie verte). La part de l’hydraulique y stagne peut-être vis-à-vis de l’an passé (près de 22%, dus à la très puissante infrastructure et aux grandes dotations hydrauliques), mais le renouvelable est en forte progression (passant de 9.5 à plus de 11.7%, 2.2% d’écart en 1 an uniquement).
Europe
L’Europe est légèrement moins tournée vers les énergies carbonées que l’Amérique du Nord - avec 45.62% d’énergies carbonées dans son mix, contre 29.43% d’énergies vertes. Elle est donc toujours loin d’un niveau exemplaire en la matière.
La bonne nouvelle est que les énergies fossiles sont clairement en retrait (33.47% de pétrole, en baisse de 2,4%; 12.15% de charbon, en baisse de 3%) ; alors que le secteur de l’énergie verte est pour sa part en forte expansion (7.43% d’hydraulique, qui progresse de 0,6% ; 9.69% de nucléaire, stable ; et 12.31% de renouvelable, qui gagne plus de 3,5%).
Le gaz, comme énergie transitoire, lui, demeure aux alentours de 24%.
On observe donc de nettes améliorations, ainsi qu’une grande volonté de développement des énergies renouvelables en Europe, dans un effort de réduire progressivement l’usage d’énergies carbonées, mais qui prendra encore de très longues années avant de porter ses fruits.
CIS (communauté des Etats Indépendants ou anciens pays de la sphère Soviétique).
Il n’est pas étonnant de toujours retrouver la Communauté des Etats Indépendants parmi les régions en haut du classement de la consommation d’énergies fossiles (88.37% du mix énergétique local). Le renouvelable est certes en hausse de 1.13%, mais la quantité demeure dérisoire. Cela est principalement dû au fait que l’ensemble de ces pays disposent des principales réserves mondiales en la matière, notamment pour le gaz naturel.
Asie
De par l’immensité des flux et des quantités énergétiques mises quotidiennement en jeu dans la région, la zone Asie et Pacifique ainsi que ses politiques énergétiques jouent un rôle prépondérant dans l’influence du mix énergétique mondial.
Il est tout de même intéressant de constater que le mix énergétique local est, dans sa structure, fort semblable à celui de l’Afrique (84.91% d’énergies carbonées, en progression depuis 87,4% l’an passé). La grosse différence entre les deux zones réside surtout dans le charbon qui est extrêmement utilisé en Asie, où il représente environ 47% de l’énergie consommée.
Moyen-Orient
Le Moyen-Orient est la seule région n’ayant quasiment pas fait évoluer son mix énergétique au cours de l’année, ou alors assez sensiblement. Les énergies carbonées représente toujours plus de 98% du mix énergétique (43% de pétrole qui baisse sensiblement et 51,8% de gaz naturel). Si vous souhaitez voir le verre à moitié plein, on pourra dire que la montée en puissance du gaz naturel dans cette zone au détriment du pétrole est une bonne nouvelle relative pour la planète. Mais cette zone, riche de ses réserve fossiles continue d'en profiter à plein régime.
Afrique
Le continent Africain, malgré des réserves d’hydrocarbures bien en deçà de celles du Moyen-Orient, connaît un mix énergétique similaire, et une évolution quasi parallèle. Les sources d’énergies carbonées diminuent sensiblement, de 91.3% à 90%. La question du développement des énergies renouvelables, et des investissements nécessaires dans la filière, demeure toujours dans la région.
Vous l’avez vu, tous les pays ne disposent pas des mêmes cartes et chaque mix énergétique est dépendant d’un contexte précis associé à une volonté politique (de lutter contre le réchauffement climatique). La tendance, nous l’avons dit, est à la réduction des émissions de carbone, toutefois, cela se fait, il faut bien le dire à un rythme très lent. Les prochaines études nous montreront si les choses s'accélèrent.