Stockage et prix du gaz naturel

Le stockage est un élément à suivre quand on cherche à comprendre l’évolution du prix du gaz. Pourquoi ? Parce qu’il permet de mesurer les tensions liées à l’approvisionnement. Quand les niveaux de stockages sont plus bas qu’à l'accoutumée sur une période donnée, on prend conscience de deux choses. D’une part qu’on est bien content de disposer de ses capacités pour passer l’hiver sereinement en dépit des aléas climatiques et des divers événements pouvant impacter l’approvisionnement. Et d’autre part qu’on va devoir mettre les bouchées doubles pour les remplir d’autant plus lors du prochain été gazier.

Sommaire

Le fonctionnement du stockage de gaz naturel

La France dispose d’une capacité de stockage totale de 128 TWh pour une consommation annuelle d’environ 460 TWh. Stocker une telle quantité de gaz naturel a un coût. 

 

Les frais de fonctionnement des deux grands acteurs (Storengy et Terega) sont définis par la CRE chaque année et un système d’enchères de capacités de stockage permet d’en financer une partie. Le principe est simple, les enchères sont lancées pour permettre aux acteurs d’acheter l’été des quantités de gaz et leur capacité de stockage dans l’espoir que la différence entre le spread été/hiver jouent en leur faveur. Dit autrement, pour qu’il soit financièrement intéressant de stocker du gaz naturel il faut que :

coût du gaz à stocker en été + coût du stockage < prix du gaz hiver prochain

Ce qui n’a pas pu être financé via les enchères est financé par la compensation stockage, une ligne dans la facture d’énergie des consommateurs. La France, comme l’Espagne ou l’Italie ne plaisantent pas avec le stockage. Ces derniers seront remplis d’une façon ou d’une autre (via les enchères ou la compensation stockage). D’autres pays tels que l’Allemagne ont fait le choix de ne pas assurer le remplissage de leurs réserves de gaz naturel.

Le lien entre le stockage et le prix du gaz naturel

Maintenant qu’on a regardé les bases de fonctionnement du stockage du gaz naturel intéressons-nous à son impact sur le prix du gaz.

Lorsqu’on sort d’un hiver gazier (octobre à mars) on se retrouve avec un certain niveau de stockage qui donne une indication sur ce qu’on va devoir remplir pendant l’été gazier (avril à septembre). Plus on fini l’hiver bas en stock, plus on va devoir remplir de capacités de stockage l’été suivant, ce qui va largement contribuer à augmenter la demande et tirer les prix du gaz vers le haut. (l’inverse fonctionne tout aussi bien).


De plus, les prix estivaux pâtissent de la concurrence asiatique sur le GNL. Face au développement urbain extrêmement rapide de plusieurs régions chinoises au cours des 20 dernières années, la démocratisation de la climatisation a fait exploser la demande en gaz naturel l’été (pour produire de l’électricité). Cela rend le remplissage des stocks plus compliqué pendant l’été gazier.

Les stocks jouent un rôle fondamental dans la définition du prix du gaz… Nous sommes capables de stocker près d’un tiers de nos consommations annuelles et en phase de remplissage cela engendre une demande supplémentaire très importante, capable de tirer les prix vers le haut et ce d’autant plus que pendant cette période de remplissage les conditions météo à l’autre bout du monde peuvent impacter notre accès à des sources “alternatives” mais incontournables telles que le GNL.

Parler des stocks est utile pour comprendre l’évolution des prix du gaz naturel. Mais ce n’est en aucun cas suffisant ! Nous vous invitons à aller consulter notre dossier sur le sujet.