Prélude FLNG : Le plus gros complexe flottant de l’humanité

Le marché du gaz naturel est particulièrement tendu depuis le lancement de l’invasion russe en Ukraine. Les Européens ont massivement misé sur le gaz naturel liquéfié (LNG) pour compenser le déficit en gaz naturel livré par gazoduc depuis la Russie. Les acheteurs européens se retrouvent en concurrence frontale avec les acheteurs asiatiques pour l'acquisition de volumes de LNG et ces tensions sont un facteur important de hausse des prix à moyen et long terme. Dans ces circonstances, de nouveaux projets LNG voient le jour - mais il n’en sera pas question ici parce que nous allons nous arrêter sur un projet qui a déjà 10 ans et qui constitue encore aujourd’hui le plus grand complexe flottant de l’humanité… Ce projet titanesque s’appelle sobrement “Prélude FLNG” en référence au premier champ gazier dans lequel il a été déployé.

Sommaire

La génèse

Construite entre 2011 et 2017, par un consortium composé du Coréen Samsung Heavy Industries et de Technip dans le chantier naval de Geoje en Corée du Sud, cette énorme plateforme flottante a coûté à son armateur (Shell) entre 11 et 13 milliards de dollars. Longue de 488 mètres, pour une largeur de 74 mètres, il faut marcher 1,1 km pour en faire le tour.

Capable de résister aux cyclones les plus puissants, cette structure ne craint pas les éléments et peut être déplacée là où l'on en a besoin. Tout d’abord installée au-dessus du champ gazier Prélude (à 200 km au nord-ouest de l’Australie) elle a été repositionnée dans le bassin de Browse en 2016 et y restera jusqu’en 2040.

Emplacement du bassin de Browse (maps.google.com)

Que peut produire la plus grande plateforme flottante du monde ?

"Prélude FLNG" produit des quantités à la hauteur de la démesure de l’infrastructure. À elle seule, la plateforme et ses 250 membres d’équipages peuvent extraire et produire 52 TWh de LNG par an. Mais ce n’est pas tout…

Il faut également ajouter les 24 TWh de gaz naturel qui peuvent être envoyés sur la côte via gazoducs sous-marins. Ainsi, "Prélude FLNG" pourrait répondre à 17,5% de la consommation annuelle française de gaz naturel !

D’autres projets de ce type auraient pu voir le jour. Par exemple avec Engie et son "FLNG Bonaparte" (qui a été abandonné en raison de doutes quant à la rentabilité du projet). Mais l’augmentation des prix de l’énergie, suivant les tensions géopolitiques, pourrait encourager d’autres acteurs à franchir le pas de ces projets complètement “barges”.

Crédit photo : Shell