[Enquête] Comment les professionnels perçoivent-ils la compensation/contribution carbone en 2024 ?
Entre fin mars et début avril, le MaGAZine a interrogé, en ligne, 244 professionnels à propos de la transition énergétique avec un gros focus sur la compensation carbone. Comment s’organisent-ils pour traiter ces sujets ? Qu’ont-ils lancé jusqu’ici ? Comment perçoivent-ils la compensation carbone et comment arbitrent-ils entre tel ou tel dispositif ? Le MaGAZine fait le point.
46 % des entreprises se sont organisées pour gérer les sujets de transition énergétique
L’enquête montre que près d’une organisation sur deux dispose d’au moins une personne en charge des sujets transition énergétique. 10,2 % des entreprises ont même un département dédié.
Sans surprise, les entreprises comptant plus de 5 000 salariés sont celles ayant le plus de chance de disposer d’un département dédié (42,9 % d’entre-elles). Au sein des ETI, 78,6 % des répondants affirment disposer d’au moins une personne en charge de ces sujets ou d’une équipe dédiée.
Les secteurs du commerce et de l’industrie semblent plus matures en matière de transition énergétique que le secteur des services. Là où les commerce et l’industrie sont respectivement 60,8 % et 62,2 % à déclarer disposer d’au moins une personne dédiée aux sujets “verts”, ils ne sont plus que 43,2 % dans le secteur des services (tertiaire hors retail).
Les travaux de rénovation énergétique ont la cote, la compensation volontaire bonne dernière.
Des travaux de rénovations énergétiques, parfois susceptibles d’être en partie financés via le dispositif des CEE, ont déjà été réalisés par 43 % des répondants. L’audit énergétique et le bilan carbone, deux éléments préliminaires de toute bonne démarche de transition occupent la seconde et la troisième place (39,3 % et 30,1 %).
15 % des répondants affirment avoir déjà acheté de l’électricité verte et 11,6 % du biogaz. En revanche, très peu de personnes (4 %) ont déjà misé sur la compensation carbone. Le tout est de savoir pourquoi.
Pourquoi la compensation carbone n’est-elle pas plus utilisée ?
Les principales raisons évoquées par les répondants pour expliquer leur choix de ne pas recourir à de la compensation carbone est le temps. 31,3% des professionnels interrogés affirment en effet ne pas avoir eu le temps de s’en occuper. Dénotant tout autant un manque d’intérêt pour ce dispositif qu’un compréhensible manque de connaissance du sujet.
L’autre raison que nous pouvons avancer au regard des résultats de l’enquête est la confiance et la question de la morale. La compensation carbone consiste en effet à financer des projets permettant la captation ou l’évitement de rejet de CO2. Or 21,3% des répondants ne sont pas du tout à l’aise avec l’idée de déléguer cet aspect à des tiers. Par ailleurs, 15,3% déclarent ne pas avoir confiance en ce dispositif. On observe par ailleurs dans les verbatims qu’un certain nombre de répondants ont pu associer la notion de quotas carbones EUTS avec la compensation carbone volontaire.
La question du prix n’est évoquée que par 16,7% des personnes interrogées.
Compenser mieux plutôt que compenser plus
À la question, préférez-vous financer des projets de compensation carbone de qualité ou encore plus de projets, mais de moindre qualité, les répondants se sont massivement exprimés en faveur de la qualité des projets. Ainsi, le “compenser mieux” est largement préféré au “compenser plus”.
Cette tendance est totalement en accord avec la tendance des répondants à délaisser la compensation carbone pour des raisons éthiques ou de confiance dans le dispositif.
En regardant les résultats par grands secteurs d’activité, on constate que les entreprises du tertiaire (hors retail) sont plus nombreuses à privilégier le volume à la qualité (36,1 % pour les entreprises de service, contre 12,5 % pour l’industrie et 11,1 % pour le commerce).
Les projets agricoles en tête
Les projets agricoles sont bien perçus par 96,1 % des répondants. Les projets de reforestations par un peu plus de 90 % des répondants et les projets moins qualitatifs, type traitement d’une décharge à ciel ouvert, 63 %.
Nous constatons que les répondants ne font aucune différence entre les deux types de projets reforestation que nous avions soumis à leur évaluation. Le projet type “reforestation en Europe” obtient des résultats similaires au projet de “reforestation en zone tropicale”. L’argument géographique au niveau du continent n’est pas évident sur cette enquête, en revanche la nature du projet semble avoir un impact très important sur la perception des professionnels interrogés.
Enfin, force est de constater que si les trois quarts des répondants ont déclaré précédemment privilégier la qualité à la quantité, les projets les moins qualitatifs ne sont pas pour autant massivement écartés (Les deux tiers des répondants en gardent une vision positive).
Le biogaz est plébiscité par les grandes entreprises.
Le biogaz et la compensation carbone peuvent, en théorie, se substituer l’un à l’autre. Tout est affaire de perception et capter 100% du CO2 résultant de sa consommation énergétique peut être considéré comme valant une consommation énergétique 100% composée de biogaz.
Mais non, ce n’est pas ce que nous observons. La préférence pour le biogaz semble corrélée à la taille de l’entreprise. Les structures de plus de 5000 salariés, en particulier, sont bien plus enclines à favoriser l’utilisation d’une énergie de substitution verte, telle que le Biogaz, que d’opter pour le financement de projets de contribution carbone.
Cette étude aura été l’occasion de mettre en évidence un certain nombre de disparités entre les sujets liés à la transition énergétique. Pour consulter l’ensemble des résultats, nous vous invitons à consulter l’ensemble des résultats en cliquant-ici.