États-Unis : le programme énergétique du nouveau président

Le 8 novembre dernier, les habitants des États-Unis ont porté le candidat républicain, Donald Trump, à la présidence des États-Unis. Si Barack Obama s'était montré plutôt volontariste sur le plan énergétique (il a notamment œuvré en faveur du développement des énergies renouvelables et de la réduction des énergies fossiles), son successeur annoncé – son investiture officielle n’aura lieu qu'en janvier, une fois que les grands électeurs auront voté à leur tour et confirmé, sans surprise, le vote des citoyens – semble se diriger vers une autre voie. Décryptage.

Sommaire

L'énergie aux États-Unis

Commençons par un point sur la situation énergétique des États-Unis. Selon l’Energy Information Administration (EIA), qui a publié en septembre la version 2016 de son traditionnel Energy Outlook, le pays donne actuellement la priorité au pétrole et au gaz naturel en matière de consommation énergétique. Les sources se répartissent de la façon suivante :

  • 37,7 % pour le pétrole et les autres hydrocarbures ;
  • 29,3 % pour le gaz naturel ;
  • 16 % pour le charbon ;
  • 8,6 % pour le nucléaire ;
  • 2,9 % pour la biomasse ;
  • 2,7 % pour les « autres énergies renouvelables » ;
  • 2,4 % l'hydraulique ;

Au total, la consommation d'énergie primaire des États-Unis s'est élevée en 2015 à 28,3 x 106 TWh.

Donald Trump et les énergies renouvelables

Le candidat républicain à la Maison Blanche l'a affirmé dans plusieurs interviews : il ambitionne de stimuler la demande de combustibles fossiles à court terme – c'est d'ailleurs, notamment, grâce aux voix des États miniers, ravagés par la crise économique, qu'il a été élu. Le développement des énergies renouvelables ne semble donc pas devoir être une priorité pour le nouveau président des États-Unis. Il pourrait ainsi faire passer le crédit d’impôt à l’investissement à 10 %, contre 30 % actuellement. Les effets seraient immédiats : selon le cabinet d’analyses S&P Global Platts, la demande d’installation solaire devrait chuter de 60 %.

Donald Trump et le gaz de schiste

Durant la campagne, Donald Trump s’est engagé à relancer la production de gaz de schiste et de pétrole aux États-Unis. Il compte notamment développer les forages sur les terrains fédéraux. Son objectif ? Atteindre une « indépendance énergétique américaine ».

Donald Trump et le projet d’oléoduc Keystone XL

Censé relier le Canada aux États-Unis, le projet oléoduc Keystone XL – qui devait transporter le pétrole extrait en Alberta vers les raffineries américaines – avait été abandonné par Barack Obama, en raison de craintes pour l'environnement. Donald Trump semble vouloir relancer le projet.« Je l'approuverai à 100 % mais je veux de meilleures conditions », déclarait ainsi Donald Trump en mai dernier, lors d'une conférence de presse à Bismarck, dans le Dakota du Nord, lorsqu'il n'avait pas encore reçu l'investiture du Parti républicain. « Je dirai : “Les gars, on va vous laisser construire l'oléoduc, mais donnez-nous une part du gâteau”. Je veux une part des bénéfices [N.D.L.R. : c’est la société canadienne TransCanada qui était censée assurer la construction du projet] parce que nous faisons en sorte que ce projet existe via des expropriations et d'autres choses, et je veux une partie des bénéfices pour les États-Unis. C'est comme ça qu'on rend l'Amérique de nouveau riche. »

Donald Trump et l'Accord de Paris sur le climat

C'est sans doute le point qui fait le plus parler, concernant la future politique énergétique du président Trump : son désir de remettre en question l'Accord de Paris, qui concrétisait la COP21 organisée en 2015 en France. Si les États-Unis l'ont bien signé le 22 avril, il n'a pas encore été ratifié.

Or, selon Donald Trump, l'Accord de Paris risque de « tuer l'emploi et le commerce ». Il pourrait également retirer aux États-Unis la maîtrise de leur politique énergétique… alors qu'il voit celle-ci comme « un objectif de politique étrangère et un objectif stratégique ».Difficile de savoir avec certitude quelles mesures seront effectivement engagées par le nouveau président américain en matière d’énergie et sous quels délais. Réponse dans quelques mois !