Champ gazier de Groningue, vers la fin de l’exploitation
30 ans après le début de son exploitation, le champ gazier de Groningue, aux Pays-Bas, a commencé à subir les conséquences de l'affaissement de son sol. Après avoir annoncé en mars 2018 que l'extraction du gaz naturel sera stoppée avant 2030 sur ce site, le Gouvernement néerlandais a précisé en juin que la diminution de la production commencerait dès 2020, et non 2022. Comment va s’organiser la fin de l’exploitation ? Quels seront les impacts de cette décision sur le marché français ?
Le cycle d'exploitation du champ gazier de Groningue
Le gisement gazier de Groningue, découvert en 1959 dans la province néerlandaise du même nom, est le plus important gisement d'Europe occidentale, avec ses 2 820 milliards de m3. L'engouement est immédiat : il suffit d'une douzaine d'années pour que le champ gazier de Groningue fournisse 80 % de la production nationale. En 1980, 80 milliards de m3 de gaz sont extraits annuellement.
Mais après l'apogée vient souvent le déclin... Les chocs pétroliers et le recul du développement de l'énergie nucléaire incitent les exploitants du gisement à changer leur politique d'exploitation. Le volume de gaz naturel puisé est alors en deçà de la capacité technique du site. Les petits gisements de gaz annexes, dont la moitié sont offshore, assurent dès lors plus des ⅔ des besoins en gaz naturel du pays.
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Un arrêt progressif de l'extraction
Dès les années 1990, les secousses sismiques surviennent quotidiennement dans la zone et attestent de la forte présence de poches souterraines vides, car dépourvues de leur gaz naturel. En moyenne, 5 séismes sont recensés chaque jour à partir de 2003, auxquels s’ajoutent 29 glissements de terrain en 2011 et 2 séismes importants (magnitude avoisinant les 3,5) en 2012 et 2018. À la demande des autorités, la production réduit alors drastiquement : de 42,5 milliards de m3 extraits en 2014, le site passe à 21,6 milliards de m3 en 2017.
Le 7 juin 2018, pour répondre aux contestations des habitants de la région et aux risques qu’ils pointent (dépréciation de l'immobilier, maisons endommagées, risques de nouveaux glissements de terrain), le Premier ministre Mark Rutte a annoncé l'accélération de la procédure d’arrêt d’extraction. Le volume puisé sera réduit de 12 milliards de m3 par an d'ici 2020, et non plus d'ici 2022 comme annoncé en mars 2018. L'objectif reste cependant le même : atteindre un arrêt total de l'extraction de gaz naturel avant 2030.
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Quelles conséquences pour la France ?
Pour le moment, cette décision n’a pas eu de réelle conséquence sur les prix de marché du gaz naturel. Il n’en demeure pas moins une nécessité d’adapter les réseaux physiques à ce changement. En France, les réseaux de distribution et de transport de gaz seront les premiers impactés par cet arrêt d'approvisionnement en gaz B (à bas pouvoir calorifique) issu du champ de Groningue. Ce sera également le cas du site de stockage souterrain Sediane B de Storengy.
De plus, comme le gaz de Groningue est la seule source de gaz B pour 6 départements français, une coordination nationale sous la responsabilité des pouvoirs publics a été créée. Il s’agit du projet Tulipe, en charge d’accompagner la transition du gaz B vers le gaz H (à haut pouvoir calorifique) auprès de 1,3 million de clients.
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De 2018 à 2029, les particuliers verront la conversion s’effectuer en 4 phases : information, inventaire, changements des détendeurs ou des appareils, et enfin la phase de conversion proprement dite, dès 2021. Des secteurs pilotes (Doullens, Gravelines, Grande-Synthe et Dunkerque) expérimentent par ailleurs la conversion jusqu’en 2020.
L’arrêt accéléré de l’extraction de gaz naturel du champ gazier de Groningue aura d’importants impacts à l'échelle française. Pour preuve, 95 sites industriels français devront s’adapter à la transition du gaz B au gaz H entamée dans le pays. Pour autant, le projet Tulipe permettra d’uniformiser le territoire en matière de nature de gaz. Vous voulez suivre l’actualité du marché du gaz naturel ? Inscrivez-vous à la Weekly !
Source image à la Une : Wikipédia Creative Commons