Marché du carbone : quel poids sur le prix du gaz ?
Les dernières études scientifiques sont unanimes : le réchauffement climatique s’accélère. Pour limiter ses effets, les instances publiques ont mis en œuvre plusieurs dispositifs. Celui qui nous intéresse aujourd’hui ? Le marché du carbone. Il a en effet un impact notable sur le marché du gaz en jouant un rôle direct sur le prix de la molécule. Explications.
Comment fonctionne le marché du carbone ?
Le marché du carbone repose sur un système d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Il vise à orienter les acteurs économiques vers des solutions à faible émission de carbone pour, in fine, atteindre la neutralité carbone et limiter le réchauffement climatique.
Il existe deux marchés du carbone. Le marché volontaire, assez marginal, s’adresse à tous. Il permet de contrebalancer ses émissions de GES en finançant des projets de compensation, par exemple la plantation d’une forêt. Ici, il n’y a pas de quotas.
Le marché obligatoire, ou de conformité, s’adresse aux acteurs industriels dont les émissions ont été réglementées, notamment par le Protocole de Kyoto. Concrètement, les autorités fixent pour chaque émetteur de GES un plafond d’émission et attribuent des quotas carbone en conséquence. À la fin de la période impartie, l’émetteur doit restituer un volume de quotas équivalent.
Deux possibilités se présentent alors :
- si ses émissions de GES sont supérieures au plafond alloué, l’émetteur doit acheter les quotas manquants, ou à défaut, payer une importante amende ;
- si elles sont inférieures au plafond, l’émetteur peut vendre ses quotas sur le marché ou, si le marché le permet, les conserver pour plus tard.
Quel rapport avec le marché du gaz ?
Lorsque la demande en quotas carbone est forte, le coût de la tonne de CO2 émise augmente. Les producteurs d’électricité se tournent alors vers le gaz naturel plutôt que le charbon. Pourquoi ? Parce qu’un cycle combiné au gaz émet nettement moins de CO2 qu’une centrale au charbon – 40 % de moins, à rendement énergétique égal, d’après le Réseau de transport d’électricité (RTE). Dès lors, la demande en gaz naturel augmente et son prix également.
Le prix de la tonne de CO2 est donc un indicateur indispensable pour suivre le prix du gaz. Et pour les prochaines années, les prévisions du prix de CO2 sont plutôt à la hausse. Même le Brexit, qui pourrait provoquer une chute du prix du CO2 en sortant les Britanniques du système européen, ne semblerait pas suffire à inverser la tendance. Affaire à suivre...
Le dispositif de compensation carbone est souvent considéré problématique car il revient, en somme, à vendre des droits à polluer. Qui plus est, celui-ci ne couvre que 40 % de l’économie mondiale : un chiffre encore trop faible pour contrebalancer l’impact mondial des émissions de GES. Néanmoins, le marché carbone continue de se développer : la 4e phase d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne, lancée en 2021, sera bien plus ambitieuse que les trois précédentes. Mais cela sera-t-il suffisant pour faire la différence ? Pour le savoir, suivez l’évolution du prix du CO2 de près en vous abonnant à la Weekly !