Quel paysage énergétique mondial en 2050 ?
Le 30 mai 2018, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a publié une étude sur l'évolution du secteur de l'énergie. Réalisée par la société E-Cube Strategy Consultants et incluant plus de 80 experts, cette analyse répond aux objectifs du comité de prospective de la CRE. Elle dresse ainsi un bilan énergétique hypothétique mondial à l’horizon 2050. Quels enseignements tirer de cette étude ?
Énergie : un secteur en pleine mutation
Le secteur de l'énergie connaît des transformations majeures et rapides portées par la transition énergétique et la révolution numérique. Sous la pression d'enjeux économiques et socio-environnementaux, le secteur a autant, voire davantage, évolué ces 10 dernières années qu'en l'espace d'un siècle ! Même si l'avenir possède toujours sa part d'incertitudes, les thèses de la CRE permettent de comprendre et de s’adapter aux transformations énergétiques à venir.
Une croissance importante des énergies renouvelables
La première tendance qui devrait donner le rythme au secteur de l'énergie de 2050 est la compétitivité des filières d'énergies renouvelables (EnR) hors subvention ou processus incitatif. La baisse des coûts des EnR en termes de production et stockage accélérera la croissance de son marché pour le rendre incontournable d'ici 30 ans. Ainsi, le mix électrique de 2050 sera décarboné à plus de 80 % dans les zones très connectées des pays développés ou, au contraire, dans les régions du monde actuellement non connectées au réseau principal.
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Électrification du secteur de l'énergie et conséquences sur les réseaux
La transformation de la mobilité et de l'approvisionnement en chaleur fera considérablement baisser la demande en produits pétroliers au profit d'une demande en électricité issue des filières renouvelables. Pour rendre possible cette importante consommation électrique renouvelable, il sera nécessaire de refondre les systèmes de réseaux électriques et de maximiser la coordination entre réseau de transport (GRT) et réseau de distribution (GRD).
Cette flexibilité d’accès à l'énergie modifiera la nature des réseaux et le rôle des gestionnaires. Ils devront ajouter à leurs compétences initiales l’opération et l’organisation des marchés locaux de flexibilité. Dans ce nouvel écosystème des réseaux, tout un ensemble d'outils et d'usages (stockage par batterie, production décentralisée, modulation de consommation...) permettront de s'adapter à des besoins énergétiques fluctuants pour atteindre l'équilibre des réseaux.
Des consommateurs devenus acteurs
Avec l'essor des nouvelles technologies (objets connectés, comptage évolué, batteries de stockage), les particuliers, PME et PMI deviendront producteurs d’énergie. Ils pourront ainsi utiliser les volumes produits pour couvrir leur consommation et vendre l’excédent. De plus, de multiples options seront à disposition des consommateurs pour se procurer de l'électricité dans une logique de circuit court ou d'identification de la production.
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Les consommateurs joueront également un rôle clé dans la maîtrise de leur consommation. Conséquence inévitable de cette production individuelle : l'émergence de micro-réseaux ou « microgrids » permettant d'interconnecter la production renouvelable et sa distribution dans un périmètre donné.
Quelle place pour le gaz à l'horizon 2050 ?
En Europe, le gaz continuera à jouer un rôle clé compte tenu des besoins en période hivernale, de la mutation vers la production de gaz vert et de l'émergence des technologies power to gas (conversion de l'électricité en gaz). Dans l'enquête d'opinion de l'étude, les experts estiment que cette vision sur l'avenir du gaz paraît plausible à 72 % en 2030 et à 55 % en 2050.
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L'hydrogène : un rôle encore incertain
Dans sa majorité, le groupe d'experts est peu convaincu de la réelle utilisation de l'hydrogène (électrolyseurs, piles, combustibles et réservoirs de véhicules) dans le futur mix énergétique. Seul 27 % des experts estiment que l'hydrogène répondra à des besoins spécifiques sur certains segments de la mobilité et sur la décarbonation massive des systèmes électriques et gaziers en 2050.
Une baisse de la demande d'électricité en Europe ?
L'étude montre un point de désaccord au sein de la communauté d’experts autour de la consommation d'électricité en Europe. Alors que la consommation mondiale va augmenter, 63 % des experts estiment que la demande d'électricité en France et en Europe en 2050 va diminuer ou ne pas augmenter. Une tendance qui pourrait être ressentie dès 2021 d’après RTE. Et ce, en dépit d'un transfert d'usage vers cette énergie pour les transports et la chaleur.
Les 37 % restants considèrent cette thèse inenvisageable. Quoiqu’il en soit, les experts se rejoignent autour d’une question : un équilibre sera-t-il trouvé entre l'électrification des usages et les efforts d'efficacité énergétique ? Affaire à suivre.
Ces analyses de thèses peuvent faciliter vos prochaines prises de décisions ? Pour aller plus loin, la CRE a mis à disposition l'ensemble de l'étude sur le site web de son comité de prospective.
Source image à la Une : Unsplash – Appolinary Kalashnikova