La pyrogazéification, qu’est-ce que c’est ?

Les approvisionnements en gaz naturel sont sous tension depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, et l’augmentation structurelle des prix du gaz naturel rend économiquement plus plausible le développement de nouvelles sources de gaz permettant de valoriser les déchets. La méthanisationmène le mouvement, en se basant sur des micro-organismes pour transformer de la matière en méthane injectable dans le réseau. Mais la méthanisation est limitée par les intrants qu’elle peut utiliser. Bon nombre de déchets en sont exclus, car trop secs pour être décomposés naturellement. Pour ces derniers, il existe néanmoins un débouché : la pyrogazéification.

Sommaire

Qu’est-ce que la pyrogazéification ?

Ce procédé est connu depuis plus d’un siècle. Il a été couramment utilisé par le passé pour éclairer la ville de Paris au “gaz de ville”, qui était alors produit par le biais de véritables usines à gaz. La pyrogazéification a été également utilisée pendant la seconde guerre mondiale, afin de lutter contre la pénurie de carburant.

Mais comment ça marche ? La pyrogazéification consiste à faire chauffer entre 800 et 1500°C de la matière carbonée dans un environnement très pauvre en oxygène, afin de provoquer la transformation de cette dernière en syngas riche en hydrogène (H2) et en monoxyde de carbone (CO), pouvant eux-même être transformés par la suite en CH4injectable dans le réseau gazier. Cette dernière étape est nommée “méthanation”.

La pyrogazéification permet de valoriser les déchets non recyclables (qu’ils s’agisse de bois ou de plastique) qui ne peuvent pas être décomposés chimiquement dans un méthaniseur. En cela, ce procédé est très complémentaire de la méthanisation classique, en élargissant le spectre des déchets pouvant être convertis en gaz.

Comment se porte la filière Pyrogazéification en France ?

La filière Pyrogazéification en France dispose d’un très bon potentiel de développement, en profitant de l’engouement pour l’économie circulaire et de la hausse structurelle des prix du gaz suite au déclenchement de la guerre en Ukraine.

Néanmoins, plusieurs dizaines de projets sont lancés et la filière cherche à se faire une place en tant que complément du biométhane.

GRTGaz et Panorama des Énergies Renouvelables 2022.

Une cinquantaine de projets sont actuellement recensés à des degrés divers de développements, et la filière se donne les moyens de s’industrialiser.

D’ici 2030, la pyrogazéification pourrait représenter 6 TWh de gaz injectés dans les réseaux. Ce qui reste loin des projections de la filière biogaz, qui table sur 80 TWh de biométhane injecté en 2030 (20% de la consommation française).

Le biométhane dispose donc d’une longueur d’avance, mais la créativité des acteurs de la filière pyrogazéification ainsi que les liens qu’ils peuvent établir avec d’autres secteurs en développement - tels que la filière hydrogène - pourraient jouer, à terme en sa faveur. Les millions de tonnes de déchets sous-valorisés aujourd’hui dans l’hexagone n'attendent que ça.